Il est parfois des « classiques », établis dans l’histoire de la littérature, comme des œuvres d’art. On leur colle cette étiquette et on les range dans une bibliothèque comme les tableaux dans un musée, puis on leur voue un tel culte qu’on n’ose plus y toucher. Les contes de Perrault sont de ceux-là.
Tout un tas de bonnes raisons nous empêche de lire ces contes. D’abord, on n’est pas bien sûr de leur auteur, Charles Perrault lui-même en attribue l’écriture de la plupart à son fils, Pierre Perrault Darmancour, ne se réservant que la paternité des trois contes en vers.
Ensuite, on ne sait pas bien lesquels sont de lui et lesquels des frères Grimm, voire d’Andersen.
Et puis, les contes de fées, c’est plutôt pour les enfants, c’est d’ailleurs pour cela qu’il existe tellement d’éditions des contes de Perrault pour la jeunesse, abondamment illustrées. Seulement, très souvent, le texte est bien éloigné de l’original.
Et pourtant, parmi la quantité considérable de contes et de conteurs qui ont fleuri entre la fin du XVIIe siècle et la veille de la Révolution, Les Contes de ma mère l’Oye sont à peu près les seuls qui nous soient encore connus.
La quasi totalité des onze contes qui composent le recueil sont issus d’une tradition populaire ancestrale et Perrault n’a fait que les mettre au goût du jour. Mais quel goût ! Ces très courts textes sont de véritables chef-d’œuvres et ils nous replongent à la fois en enfance et dans un passé rempli de princesses, de châteaux et de féerie.
De nombreuses éditions de poche existent, certaines font l’impasse sur Griselidis, ce que l’on peut concevoir, mais procurez-vous bien une édition qui ne se limite pas aux contes en prose pour ne pas vous priver du plaisir de lire Peau d’Âne qui s’achève ainsi :
Le Conte de Peau d’Âne est difficile à croire,
Mais tant que dans le Monde on aura des Enfants,
Des Mères et des Mères-grands,
On en gardera la mémoire.
Bonne lecture !
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